De : Laogorus (Message d'origine) | Envoyé : 21/07/2002 19:01 | En se réveillant ce matin là, éblouit par un rayon de soleil comme ajusté sur son visage, assourdit et émoustillé par la densité des chants des oiseaux de la forêt, débarbouillé par la rosée du matin et caressé par un petit vent tout juste frais sur sa peau humide, dégringolé de son arbre en une glissade sur la mousse, Brahone se sentais une humeur de vacances. Comme prévu, les quatre petites brindilles taillées qu'il avait laissé pendant la nuit dans le creux de l'arbre avaient été transportées et transformées par les vents experts. Comme un concept de clarté pour indiquer la direction vers laquelle Limca devait tendre, sans chercher à trop savoir où elle allait. Le principal était de préserver le tempérament d'âme pure qui permettrait la symbiose prévue pour la nouvelle lune. Pour le moment l'astre des nuits montait encore vers son zénith plein et les forces de la vie allaient bientôt s'entremêler à tel point qu'aucune décision utile ne saurait être prise. Atraya saurait s'en délecter. C'était l'occasion ou jamais de faire un petit séjour en son domaine. Franchir les sept collines était pour lui aussi plaisant que les montagnes russes entre les deux océans. Sa façon de se déplacer dans ces instants de liberté pouvait faire penser à celle d'un pélican au dessus des vagues. Il planait quasi immobile, juste à légère distance du sol et frôlait de son corps la végétation et les rochers de cette contrée immense et indéfinie où depuis des temps imprécis, il avait établit résidence. Temps imprécis bien sûr puisqu'avant qu'il eu réglé les tournures temporelles, la terre du milieu n'avait pas de forme reconnue puisque personne n'était là pour les reconnaître. Le temps alors n'existait pas. C'était le bon temps... Enfin il reconnu la phrase magique tracée en grand sur la dernière falaise blanche, celle qui lui indiquait qu'il arrivait à son bon port à lui tout seul et seul connu de la petite Hevi qui l'avait découvert par hasard au cours de ses recherches personnelles. Cette phrase uniquement déchiffrable par les esprits très cultivés signifiait en substance : " Nous savons déjà tout, mais nous n'avons rien pour le prouver" | (...) Tranquillement installé dans son rocking chair, sur les rondins de la véranda, Brahone rassemblait ses pensées et méditait. Myriel qui maintenant vaquait à ses occupations très précieuses avait préparé pour l'accueillir cette fameuse recette dînatoire ... L'une de ses préférées. Maintenant il appréciait voluptueusement l'un des petits cigares soigneusement rangé dans une boîte parmi les étagères de son atelier. Il les avait lui-même roulés. Les feuilles ramassées dans les collines, la fôrêt et les prairies alentour avaient séché à l'abris des rayons de Sol, en lumière tamisée, sous le plancher de la chambre et le parfum qu'elle diffusaient suffisait à faire régner dans leur maison de bois, cette atmosphère paisible et délicieuse des crépuscules dorés. Le rocher Tilyon lui rappelais la fameuse fois ou il avait compris comment la matière pouvait prendre conscience d'elle-même et ainsi émerger à la vie autonome ... Il avait cette fois là malencontreusement cassé un verre de cristal ... En examinant attentivement chacun des éclats, il s'était aperçu que tous séparément reflétaient comme une petite image du verre entier. Après quelques manipulations très alchimiques, il s'aperçu que l'image ainsi préservée et démultipliée constituait comme le rêve souvenir de la matière brute et unifiée par le feu de la forge. Le verre obtenu artisanalement par soufflage-tournage et moulage-calibrage avait retenu dans chacune de ses molécules cette image de ce qu'il avait été ... ! Comme un reflet de conscience d'avoir été ce verre. Comme les seigneurs des ténèbres l'avait un jour découvert bien plus tard dans ce qu'ils ont appellé la "mémoire de l'eau". Mais comme cette découverte n'avait pour eux aucune utilité pratique, ils l'avaient rangée parmi les curiosité de la nature et l'avaient oublié. Soudainement, un très beau criquet volant apparut sur sa manche gauche. Il faisait bien la taille de son petit doigt. Après les présentation d'usage le criquet qui disait s'appeler Tivibo l'avertit des manigances que préparaient les S de T. ! Brahone nota soigneusement toutes ses remarques et le remerciant, il le pris délicament par le bout des ailes jointes et s'en vint le déposer sur une feuille de salsepareille bien charnue. Le petit être joua une trille en remerciement et se mit à croquer la délicatesse. |
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