Un peu en retrait du domaine de Brahone, derrière les rochers, sur une petite plate forme bien exposée au soleil, au vents et aux pluies, reposait la dépouille du grand Minus que Myriel avait soigneusement plumée.
Les oiseaux de passage lui avaient extrait les yeux dont il étaient friands et picoré toutes les scories qui s'étaient greffées sur son corps pollué par l'abus de substances délétères.
Maintenant Myriel entreprenait de la recouvrir de gros sel afin de bien contenir les sucs. Brahone lui en avait ramené deux chariots. Un petit air de fête commençait à s'installer et le soleil complice jouait avec les petits nuages blancs qui parcouraient le ciel au gré des courants d'air.
Hevi elle s'activait auprès de ses fours afin qu'ils soient fins prêts pour fumer les filets mignons. Brahone savait qu'une fois que l'on aurait extrait les morceaux les plus fins et vérifié qu'ils n'étaient pas atteint par les maladies corruptibles parcelles noires, il s'agissait de découper la bête en cubes de tailles différentes afin de stocker ces salaisons pour l'hiver. Il était justement en ce moment occupé à affùter la scie. D'un bel acier trempé, les os et les cartilages seraient tranchés net.
-- Dans le cochon tout est bon ! ... S'exclama soudain tout joyeux notre ami Brahone. Tout doit être soigneusement tranché direct. Il ne faut pas trop séparer la matière brute de ses rêves. Sans cela c'est le cauchemard des longues nuits d'hiver. Les vents que cela provoque sont nauséabons. La graisse et le muscle sont bien fondus ensemble. Il faut reconnaitre que ce spécimen là n'était finalement pas trop atteint. Il est mangeable le Doctor, non ?
--- Oui ! Les autres grosses choses pas claires, ne sont pas conservables ; bien trop de mauvaises graisses. Je me demande avec quoi elle se nourrissent. Il faut les mettre au trou pour de bon ces trucs là ! Et je te précise aussi que je déteste les oreilles de porc, renchérit Myriel, il parait que ça a un gout subtil... Mais en fait, c'est surtout la sauce qui fait le met. Un peu comme les escargots et les grenouilles. J'aime mieux les rondelles de serpents ! La plupart sont encore libres.
-- Oui je sais ! Faute de grives on mange des merles ! ... Continua plus tristement notre enchanteur, quand on pense que certains marchands élèvent des bons animaux dans des cages, cultivent les escargot et les grenouilles comme des champignons et prennent les oiseaux pour des sucreries sur canapé ! Des poules uniquement destinées à pondre des oeufs et grossir... on se demande s'ils finiront par ingurgiter tout fiers des produits pétroliers ? ... Tiens ça me donne une idée pour faire de vrais robots serviles ! Comme ça on aura vraiment la paix ! Ils seront contents et ne se prendrons plus pour des dieux... pfff !
--- Comme tu dis ... C'est bien triste ! et après on les retrouve raides dans les bouges, confits à point. Et en plus ceux qui ne sont pas resté à macérer dans leurs alcools, sortent en disant fatalistes : chienne de vie ! ... On se demande ce qu'il font là ces toutous là ! Vraiment ! Si j'étais toi je ficherait tout ce petit monde de turlupins à la porte du monde.
Ce n'est pas la peine ma mie. Ils finirons bientot par se ranger dans leurs boites, comme les petites voitures. d'ailleurs beaucoup d'entre eux sont déjà complètement conditionnés. Ils ne sont plus que des machines qui conduisent d'autres machines. Quand on pense que les nouveaux parvenus sans casse en la Terre du Milieu parlent de les réveiller ! Après ils viendrons nous demander de les rendormir ! ... Ah les jeunes ! ! !
--- A propos des endormis, il devient temps de sortir les fruits confits à l'alcool du cellier parce qu'il faut les découper pour les intégrer au pudding et au gâteau de solstice. Les curés bonne pâtes blanches doivent se mélanger avec les moines jaunis à la vanille ... sans cela les confitures tourneront aigrelettes.
...
Hevi un peu stupéfiée par l'attitude bon enfant de nos deux compère/mère préparant leurs réserves pour l'hiver, s'était assise un peu étourdie. Elle ne savait pas si elle devait prendre les jambes à son cou et fuir l'hallucination ou bien rester Zen et tenter de comprendre toutes ces circonvolutions langagières qui entretenaient sciemment un quiproquo existentiel.