Pythagore a vécu en même temps que Lao-Tsé en Chine, Bouddha en Inde et Zarathoustra en Perse. Qu'est-ce qui avait préparé dans chacune de ces civilisations l'avènement simultané de ces grandes figures? Pythagore fut d'abord l'homme de la Méditerranée. S'il est né dans l'Ile grecque de Samos, c'est à Crotone au sud de l'Italie, qu'il passa la majeure partie de sa vie, non sans avoir fait auparavant de nombreux voyages, dont un en Égypte, voyages qui lui ont permis de se familiariser avec les plus grandes traditions religieuses, philosophiques et scientifiques de son époque. Fut-il d'abord un maître spirituel, un savant ou un philosophe? Ces trois vocations s'harmonisaient en lui, se tempérant entre elles, ce qui explique pourquoi en tant que maître de l'Hétairie, qu'il fonda à Crotone, il put avoir sur ses disciples un ascendant considérable. Les disciples devaient d'abord faire un noviciat de 5 ans pendant lequel ils s'initiaient au silence. On les appelait alors auditeurs. Ce n'est qu'à la fin de leur période de formation qu'ils entamaient des études concrètes comme l'astronomie, la géographie ou la médecine. Par son succès même, obtenu notamment à l'occasion de la guerre contre la cité voisine de Sybaris, la communauté pythagoricienne s'attira des déboires qui devaient l'obliger à se disperser. Pythagore se retira à Métaponte et c'est là qu'il mourut. La plupart des penseurs anciens de quelque importance, parmi lesquels Platon et Aristote, en Grèce et Cicéron chez les Romains, ont indiqué clairement, par leurs témoignages, que sa pensée vivait en eux. La figuration des nombres par des points, d'où résulte la dénomination "nom-bres carrés", achevait de donner sa portée à l'établissement de la loi en assurant une par-faite harmonie, une adéquation radicale, entre ce qui se conçoit par l'esprit et ce qui se repré-sente aux yeux. Les siècles n'ajouteront rien à la plénitude du sens que l'arithmétique pythagoricienne confère au mot de Vérité. La gamme pythagoricienne Jusqu'à Pythagore, existait une gamme naturelle qu'on utilisait de façon empirique pour chanter ou pour jouer d'un instrument. La grande découverte de Pythagore, c'est d'avoir établi les bases de la théorie musicale, la gamme, en même temps que les bases de la physique. C'est lui qui a montré que les intervalles fondamentaux naturels: l'octave, la quinte et la quarte correspondent à des rapports numériques simples. «A la base du système se trouve une légende, la fameuse légende de Pythagore dans la forge. Pythagore aurait découvert les quatre intervalles consonants (1: 2: 3: 4 = unisson, octave, quinte, quarte), ainsi que la seconde majeure non consonante (8 : 9), en entendant résonner l'enclume sous les coups de marteaux de poids différents...». Faute de pouvoir reproduire cette expérience, nous expliquerons la découverte de Pythagore en la transposant. Imaginons quatre cordes tendues dont l'une égale 1, la deuxième a une longueur représentant les 3/4 de la première, la troisième les 2/3 et la dernière la 1/2. Si l'on pince chacune des cordes, on obtient DO, la quarte de DO = FA, la quinte de DO = SOL ET DO à l'octave. Ces intervalles fondamentaux de la gamme pythagoricienne seront repris et complétés au Moyen Age. Notre gamme actuelle DO, RÉ, MI, FA, SOL, LA, SI, est donc la résultante de siècles de recherche. Ces rapports, Pythagore les applique à l'âme: «De même que l'harmonie d'une lyre résulte d'un certain rapport entre la longueur des cordes, de même l'âme est une harmonie du corps...». Est-ce que ce rapport mathématique de la musique nous livre tous les secrets de l'oeuvre musicale? |