La société contemporaine favorise notre tendance mentale à nier ou à réprimer la conscience que nous avons de la réalité. Conditionnés par notre société, qui incarne tout à fait ce refus de la réalité, nous nous protégeons de toute difficulté, de tout inconfort direct.
Le maître Achaan Chah décrivait ainsi cette lutte continuelle:
"Nous autres êtres humains, nous sommes constamment en lutte, en conflit pour échapper au fait d'être si limités - limités par tant de circonstances que nous ne pouvons contrôler. Mais au lieu d'y échapper, nous continuons à créer la souffrance".
Dans de telles conditions, il nous est pratiquement impossible d'habiter notre corps ou de demeurer relié à notre coeur, à plus forte raison de nous relier à autrui et à la terre sur laquelle nous vivons. Au contraire, nous vivons de plus en plus seuls, isolés, coupés des autres et du tissu naturel de la vie.
Dès qu'il met fin au conflit, le chercheur de vérité découvre quelque chose qu'il essayait de fuir; la solitude, un sentiment d'infériorité, l'ennui, la honte, des désirs insatisfaits. Il lui faut faire face à ces aspects de lui-même.
Nous nous découvrons... Nous découvrons nos attirances et aversions continuelles, notre combat pour résister à tout ce qui nous fait peur, nous observons nos préjugés, notre convoitise, notre instinct de territoire. Puis derrière ces luttes continuelles, nous percevons notre profond sentiment d'incomplétude et de peur.
Lorsque nous nous retirons du champ de bataille, nous ne voyons plus avec les yeux voilés par le désir. Nous voyons à quel point notre lutte contre la vie a empêché notre coeur de s'ouvrir.