Paulus ou Paulos (en grec) avait compris très vite que l'enseignement du Christ ne peut produire de fruits qu'à travers des communautés vivant dans un même Esprit: l'Évangile est une coquille vide s'il ne s'incarne dans le vécu de communautés réelles. Ces communautés, il les portera dans son coeur et dans sa prière. Quand il ne leur rendait pas visite personnellement, il communiquait avec eux par lettres, (les Ã©pîtres).

 

 

 

 

 

   

 

Saül connaissait, comme tous les jeunes juifs de cette partie de la diaspora, deux langues d'enfance: l'hébreu, apprise d'obligation, et le grec, sa langue maternelle, bien nommée en l'occurence: on la reçoit sur les genoux de sa mère.

Les Lettres de Paul - les fameuses Epîtres, dont la plus ancienne date de l'an 50 ou 51 - sont toutes écrites en grec. Il a lu les bons auteurs puisqu'il les cite (Ménandre, Epiménide, Arathos). Mais néanmoins, on ne trouve aucune affectation: le grec de Paul coule de source. Les Actes des Apôtres, rédigés par saint Luc, admettent qu'il savait aussi l'araméen mais lui-même n'utilise, dans ses Epîtres, que de rares mots dans cette langue (par ex : abba, maranatha) qui appartiennent au fonds traditionnel des premiers chrétiens.

 

 

 
Saül quittera Tarse pour aller étudier à Jérusalem aux alentours de sa quinzième année, c'est-à-dire vers l'an 23. C'est là qu'il rencontrera la rabbin Gamaliel en qui saint Luc voit "un docteur de la Loi estimé de tout le peuple". Ce Gamaliel écrit des lettres qui circulent jusqu'en Cilicie et qui répandent un mode de pensée associant souvent la Loi juive et la philosophie grecque (coexistence déjà existante au temps des Maccabées). Saül devient l'élève de Gamaliel et les Epîtres le montrent littéralement imprégné des livres saints.

 

 

Familier des écrits apocalyptiques, il en citera souvent les thèmes primordiaux. Quand il proclamera que la résurrection doit être au centre de la foi, il ne fera que partager la croyance des pharisiens en un jugement après la mort, lequel punit les mauvais d'une "prison" éternelle et autorise les bons à revivre.

"Je faisais des progrès dans le judaïsme, surpassant la plupart de ceux de mon âge et de ma race par mon zèle débordant pour les traditions de mes pères" écrira Paul. Un rappel sans modestie, mais qui convainc. Les études de Saül ont été longues.

 

 

A quoi s'ajoute une chance insigne : sa rencontre avec le médecin Luc, écrivain de talent qui, mû par son admiration, s'est fait son chroniqueur. La somme des écrits de Luc et de Paul aboutit à une restitution du personnage presque sans équivalent dans l'histoire de l'Antiquité.

 

       Saint Paul par Lorenzo di Niccolo (15e siècle)  

Saül est né de famille royale, petit-fils de Hérode le grand. Son instruction est celle de tout prince: latin, grec, instructions religieuses auprès d'un grand philosophe hébreu. Avec son frère Costobar il prend le métier des armes comme officier dans la milice du Temple.

Paul est à comparer avec Mahomet et Zorastre tous deux créateurs d’une religion sans pour autant devenir un Dieu mais restant simplement saint, prophète, prêtre ou apôtre. Jésus, Bouddha, et aussi Paul sont des princes. Jésus est Davidien, en France on dirait Orléaniste, une branche qui n’est pas au pouvoir !

Plus tard Paul sera agressé par les «juifs» et accusé de blasphème. Paul sait faire intervenir le préfet et obtient une garde rapprochée qui le met à l’abri de ces juifs vindicatifs. Il est envoyé à Césaré avec une escorte quasiment royale !

Il suffit de lire le passage biblique quand Hérode Agrippa II vient rendre visite à Paul consigné chez Festus, successeur de Félix. Il n’y a pas beaucoup de faux dans ces textes.

 

Le banquet d'Hérode par Lorenzo Monaco

 

Félix maintenait son prisonnier en résidence surveillée comme pour tout officier ou dignitaire de haut rang et semblait vouloir en tirer de l’argent, ce qui démontre que son otage fut loin d’être pauvre. Paul ne cède pas et le successeur Festus accepte sa demande de partir pour un jugement de l'empereur César à Rome .

Ce qui est étonnant dans tous ces récits c’est que Paul aurait réussi entre sa captivité à Rome et l'an 63, Ã  bouleverser complètement l’échiquier politique dans une capitale pour lui étrangère !

Notre missionnaire s'emploie à convertir des gentils et sa mission ne marche pas si mal parce que Paul en tant que prince sait ouvrir des portes. Il reçoit beaucoup d’argent et demande à Pierre le droit de baptiser.

 

 

Si Paul n’avait pas existé le nom même de Jésus nous serait inconnu...

 

 

   Proclamée par le pape Benoît XVI un an avant son ouverture, l'année saint Paul propose aux chrétiens de faire mémoire de l'Apôtre des Nations à l'occasion du bi-millénaire de sa naissance. Bien qu'il soit fort difficile de dater précisément l'année de la naissance de saint Paul, ce choix n'est pas sans fondement si on met en rapport les outils historiques, archéologiques et scripturaires dont on dispose. De toutes les manières, il ne s'agit certainement pas de fêter l'anniversaire de saint Paul, mais de choisir cette année pour faire mémoire de l'un des Apôtres qui a le plus fortement marqué l'histoire du christianisme et la doctrine chrétienne.

     Certains font de Paul le fondateur du Christianisme. Cette idée n'est pas fausse si l'on veut montrer à quel point le rôle de saint Paul a été déterminant pour forger l'identité chrétienne dans ses commencements. Cette expression est parfois utilisée pour opposer le Christ et saint Paul en prétendant que l'Apôtre a donné à l'Eglise une théologie et des principes différents voire opposés à la vie et aux enseignements du Christ Jésus. Toutefois, il ne faut pas oublier que Saint Paul exprime constamment dans ses écrits son désir de fidélité au Christ. 
 
     Du 28 juin 2008 au 29 juin 2009, l'année jubilaire saint Paul constitue une occasion privilégiée de relire les écrits de Paul, son témoignage. Aucun saint, fut-ce saint Paul, n'est à proprement parler un "modèle". Le chemin personnel de chacun est infiniment singulier mais nous avons tous à tirer pour notre propre vie des enseignements de l'Apôtre des Gentils, celui qui a voulu porter l'Evangile aux Juifs et aux Grecs, aux disciples de la Loi et à ceux qui ignoraient tout de la Loi.

     A Rome, le lien qui rapproche Pierre et Paul dans la mission a pris, dès les premiers siècles, une signification très spécifique. Comme le couple mythique des frères Romulus et Rémus, auxquels l'on faisait remonter la naissance de Rome, ainsi Pierre et Paul furent considérés comme les fondateurs de l'Eglise de Rome.