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Dans les quatre premiers siècles du christianisme, l'ésotérisme chrétien faisait partie intégrante de l'enseignement, même s'il n'était accessible qu'à certains. Malheusement, l'Église est devenue au cours des six premiers siècles une puissance temporelle, ce qui l'a fait évoluer - bon gré, mal gré - au fil des transformations politiques de l'Europe. L'invasion arabe a transformé profondément le monde chrétien, car toute l'Asie mineure, Alexandrie, Carthage, l'Espagne qui étaient des pays chrétiens, tombent sous la domination musulmane, et ces églises disparaissent presque en totalité... On constate que l'ésotérisme s'est réfugié dans le monachisme mais que cette occultation a favorisé l'éclosion de nombreuses sectes ésotériques séparées des églises. Ces sectes doivent-elles être considérées comme les seules gardiennes de la Tradition ? Si l'ésotérisme - chrétien, oriental, ou universel - se manifeste aujourd'hui sous des formes apparemment entièrement nouvelles, cela ne peut s'expliquer qu'en fonction d'une lente évolution à travers le temps et compte tenu des influences extérieures. L'époque contemporaine est caractérisée par une telle confusion des esprits qu'aucun des courants actuels ne sait plus valablement à quel courant antérieur il est susceptible de se rattacher. Ainsi des chrétiens se déclarent adeptes de doctrines laïques qui préconisent la négation du Dieu Unique... La compréhension de l'histoire est une démarche essentielle sans laquelle rien d'autre ne peut être abordé. Encore faut-il, pour appréhender pleinement l'ésotérisme, ne pas se contenter d'un cadre historique, si enrichissant soit-il... |
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La vie spirituelle ne s'est jamais vécue à l'abri des dangers et des défis de toutes sortes: mutations culturelles, prolifération des groupes religieux, guerres, persécutions, déclins des civilisations... Depuis le IIe siècle, l'Eglise s'est imposée pour faire de la religion une institution. L'idée de départ était la suivante: comme aucun membre des générations suivantes n'aurait la chance des apôtres, tout croyant chrétien devrait, pour avoir accès à la connaissance, se tourner vers l'Église officielle, vers les Evangiles transmis par les apôtres et ses prêtres. Le monde dans lequel nous vivons n’est il pas ainsi fait que nous ne puissions très longtemps garder à la Lumière sa pureté originelle. Ainsi le souffle premier se densifia et s’empêtra dans la matière. Il est vrai que les spécialistes, historiens ou théologiens, cherchent toujours à expliquer le pourquoi et le comment d’une telle évolution en une organisation forte et rigide. Nécessaire, diront ils, pour propager le christianisme, lutter contre les hérésies et fixer une doctrine solidement établie. En un mot: il s’agissait d’une volonté de pérenniser l’Eglise et de défendre son unité. Dans les premiers siècles, d'un côté se trouvait l'Église institutionalisée, un monde fermé constitué de clercs préoccupés par des spéculations théologiques, se démenant avec un pouvoir politique sans cesse croissant. De l'autre côté se trouvaient les gnostiques. Certains d'entre eux avaient reçu certaines initiations. Aujourd'hui, à la place des épreuves traditionnelles, nous devons nous développer et croître dans un environnement pollué, dans cette société foncièrement matérialiste. Il n'est pas bon de se concentrer uniquement sur l'espace extérieur, essayant d'y trouver une sécurité par les biens matériels tout en négligeant l'espace intérieur. De nos jours, nous devons travailler à la construction d'un sanctuaire à l'intérieur de nous-mêmes. C'est là, grâce à nos efforts, en regardant au-dedans et en nous observant que nous trouverons un équilibre. |
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Dans toutes les civilisations monothéistes, la notion de guerre sainte n’est apparue que dans le cadre d’une théocratie ou prétendue telle. C’est le cas du peuple d’Israël, qui, dans la Bible, se donne pour le « peuple de Dieu », prenant possession par les armes de la "terre promise" à Abraham et à ses descendants pour y fonder un Etat proprement théocratique. Dans cette perspective, la guerre est censée être ordonnée directement par Dieu, ou par la bouche de ses prophètes, et ne peut être que sainte. Religion et politique sont ici étroitement fondues. C’est également le cas, à quelques nuances près, de la communauté musulmane des origines. Elle aussi se veut directement dirigée par Dieu, par l’intermédiaire du Prophète, qui reçoit d’Allah ses directives exprimées par la révélation coranique qui lui est communiquée. Là encore, la guerre menée par les croyants à l’incitation du Prophète guidé et inspiré par Dieu ne peut être que sainte. Et là encore, religion et politique sont intimement liées, on peut même dire fusionnées, puisque les croyants forment d’abord une communauté politico-religieuse dirigée par le Prophète, à la fois religieux, chef d’Etat et chef de guerre, dans une société strictement régie par les lois religieuses. La situation est radicalement différente dans le christianisme primitif. Pourtant, toutes les conditions semblaient être plus encore réunies pour reproduire le même schéma, puisque Jésus est, pour les chrétiens, non seulement un prophète, ou le plus grand des prophètes, mais la Parole même de Dieu, le « Fils de Dieu ». Or, malgré cette très forte affirmation de la révélation divine directe en la personne de Jésus-Christ, le christianisme ne se présente nullement comme une théocratie, précisément parce que son fondateur rejette radicalement tout amalgame entre le religieux et le politique, entre le pouvoir et la foi. Jésus ne vient pas établir sur terre un royaume, un Etat théocratique. Ce refus, d’ailleurs, le condamne à être rejeté par la majeure partie de son peuple d’origine, qui attend précisément un prophète chef de guerre, un libérateur. Or, Jésus prêche un royaume de Dieu qui est d’une tout autre nature que les royaumes de ce monde. Ses fidèles ne sont pas des "citoyens d’un Etat théocratique" qui serait à établir ou à défendre par les armes, mais des citoyens du "royaume des cieux", un royaume que Dieu lui-même établira à la Fin des temps. Par là même, il condamne l’usage de la violence et exclut du même coup toute possibilité d’apparition du concept de guerre sainte dans la doctrine chrétienne originelle. Les martyrs chrétiens ne sont pas des guerriers, ce sont tous des pacifiques, des pacifistes, des non-violents, même lorsqu’ils s’opposent à un Etat païen et persécuteur. Source: Jean Flori. Guerre sainte, jihad, croisade violence et religion dans le christianisme et l’islam. Éditions du Seuil, 2002. pp.263-269
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