Dans la mesure où Dieu est inaccessible dans son essence, nous ne pouvons le rencontrer qu'à travers sa manifestation angélique. Dans son face à face avec l 'ange, l'âme découvre, dans l'archange auquel elle s'unit, son alter ego. Du soufisme, Sohrawardî a reçu l'idée d'un maître intérieur qui, dans sa réalité foncière, n'est autre que l'ange de la Révélation, l'archange Gabriel.
Aux yeux de Sohrawardî, la rencontre avec l'ange est la clef de l'ascension de l'âme vers la lumière.
La bénédiction de l'Ange Gabriel, « Ave Maria », équivalente du nom sacré « Amen », est donc l'Alpha et l'Oméga de la christogénèse alchimique. En effet, ce Nom divin, « Amen », est le dernier mot de l'apocalypse de Jean �?il ferme le dernier livre en l'ouvrant autrement. La parole de l'ange est ce lieu de passage �?qui est le lieu de l'ange �? ce lieu où s'opère le renversement final entre deux cycles et que l'hindouisme nomme Paravrtti. Car le mystère de Gabriel et de Marie, le mystère de la parole christique, doit se révéler aux temps apocalyptiques �?elle se révèlera en se revoilant autrement.
« Voir les choses en Hûrqalyâ », c'est découvrir le sens caché des choses, l'histoire spirituelle transparaissant sous l'histoire évènementielle.