Juifs et chrétiens, le débat
u'est-ce qui a changé dans le rapport entre chrétiens et juifs depuis les lendemains de la Shoah, il y a soixante ans ?
Hérité de saint Paul, le mépris chrétien visait le juif charnel. Il se fondait sur une opposition tranchée entre l'esprit et la chair. L'esprit, c'était la foi. Et la chair, c'était principalement deux choses : la filiation et la convoitise. L'universalité de la Nouvelle Alliance était censée avoir mis fin au privilège héréditaire des descendants d'Abraham, et les juifs étaient accusés de ne pas comprendre leurs propres Ecritures : celles-ci annonçaient le règne de la charité, mais, comme ils étaient eux-mêmes incapables de s'élever au-dessus des valeurs matérielles, ils furent, comme dit Pascal, déçus "par l'avènement ignominieux et pauvre du Messie" et ils en devinrent les plus cruels ennemis.
Propos recueillis par Jean Birnbaum et Henri Tincq